Présentation rapide de ce qu’est la sécurité émotionnelle en jeu de rôle. Pourquoi cette notion de sécurité ? Quels sont les outils qui sont à notre disposition?
Pourquoi la sécurité émotionnelle en jeu de rôle ?
Le jeu de rôle est un jeu de société. Il a donc tendance à être joué à plusieurs. On possède tous et toutes notre propre sensibilité et comme le loisir est assez formidable et immersif, des incidents peuvent survenir.
- Des émotions négatives et/ou traumatismes déclenchés par notre personnage / la fiction (cf Bleed)
- Des comportements problématiques en jeu ou autour du jeu peuvent poser problème (cf témoignages Et pourtant elles jouent)
J’ai tendance personnellement à mettre les joueurs/joueuses et leur bien être au premier plan. Pour moi c’est + important que le scénario, + important que les règles, + important que tout.
La clé de la sécurité émotionnelle de tout un chacun passe basiquement par l’empathie. Il s’agit de faire preuve d’empathie et de s’écouter les uns les autres.
Dans la majorité des cas, tout se passe bien . Beaucoup de choses peuvent être réglées par la discussion d’une part, d’autre part quand se connait bien (groupe d’ami(e)s par exemple) et bien la question se pose moins.
Gherhartd explique très bien pourquoi amener la sécurité émotionnelle en jeu de rôle dans cet article.
Enfin, pour se faciliter la vie, on peut utiliser des outils de sécurité émotionnelle.
Les outils de sécurité émotionnelle
Disclaimer : Ce sont de simples outils. Si vous n’en avez pas besoin, il suffit de ne pas s’en servir. Si au contraire vous sentez qu’ils peuvent vous êtres utiles, n’hésitez pas à vous en emparer. Chacun(e) devrait pouvoir être libre de jouer comme il/elle l’entend et de pouvoir utiliser des outils pour son propre bien être ou celui des autres.
J’essaie ici de faire un panorama des outils les + connus et/ou les + utilisés. En général je me contente d’utiliser la posture social Je ne vous abandonnerai pas à mes tables.
Les lignes et les voiles
Souvent indiquées dans le cadre du contrat social, les lignes et les voiles vont être des contraintes que l’on va mettre en place sur la fiction. Ceci pour favoriser le bien être des participant(e)s autour de la table. Ce sont des outils popularisés il me semble par Ron Edwards à qui on doit également la théorie LNS.
Les lignes c’est une limite forte : Elle ne va PAS APPAITRE dans la fiction. JAMAIS, sous aucune façon. Par exemple, une ligne pourrait être, pas de mal ne sera fait aux enfants.
Un voile est une limite faible : il s’agit de décider de ne pas aller dans le détail sur certains thèmes fictionnels. Les thèmes seront abordés mais on va poser un voile pudique dessus. Par exemple OK pour avoir du sexe dans la partie, mais on le fera pas en roleplay ni description détaillée.
Plus de précisions sur le site PTGPTB.
Postures sociales
Il s’agit de deux démarches au cours du jeu que l’on peut adopter
Personne ne sera blessé : On décide d’exclure par avance tout thème jugé difficile / clivant / ou qui pourrait mettre à l’aise des participant(e)s
Je ne vous abandonnerai pas: 0 limite sur ce qu’on va pouvoir aborder comme thème. Par contre on s’engage à faire attention aux autres et à être bienveillant.
On retrouve un exemple d’application sur le site PTGPTB.
La carte X
La carte X, est un outil inventé par John Stavropoulos. Il s’agit d’une carte avec un X marqué dessus (ou alternative pour du jeu de rôle en ligne). Cette dernière va permettre si on l’utilise de supprimer définitivement et sans explication un élément dans la fiction pour éviter un malaise.
Le texte d’introduction explique bien son fonctionnement :
« J’ai besoin de votre aide. Pour que tout le monde s’amuse. Si quoi que ce soit durant la partie gène qui que ce soit de quelque façon que ce soit… [dessinez un X sur une fiche cartonnée] … il vous suffit de lever cette carte, ou de poser votre doigt dessus [placez la fiche au centre de la table]. Vous ne devez pas expliquer pourquoi. La raison est sans importance. Quand l’un de nous soulève ou tapote cette carte, nous supprimons tout simplement ce qui a été excarté. Et si jamais il y a un problème, n’importe qui peut demander une pause et nous pouvons en discuter en privé. Je sais que cela a l’air bizarre, mais cela va nous aider à jouer des parties extraordinaires ensemble. Généralement, je suis celui qui invoque la Carte-X, pour me protéger de vous tous ! S’il vous plaît, aidons-nous mutuellement à rendre cette partie amusante pour tous. Merci. »
Certain(e)s maître de jeu on peur que ça ça soit un outil de censure ou pour limiter leur créativité. Souvent ce sont des personnes qui n’ont jamais vu utilisé ou utilisez eux même la carte X. Cette dernière au contraire permet d’aller encore + loin dans la créativité. Car on sait qu’au cas où on une « ceinture de sécurité ».
Sur le site PTGPTB, il y a beaucoup + d’informations sur cet outil .Pourquoi l’utiliser ? Comment l’intégrer dans la partie ? Etc.
Script change
L’outil est disponible juste là. Ce dernier basé sur le consentement des participant(e)s est découpé en 3 phases.
En amont
Choisir une classification pour le contenu du jeu. Tout public, déconseillé aux moins de 12 ans, interdit aux moins de 18 ans etc.
Discuter des sujets que les participant(e)s veulent pas du tout voir ou voir très peu. Ce qui correspond + ou – aux lignes et voiles vues précédemment
Lors de la partie
Utilisation du script change, plusieurs actions possibles au cours de la partie.
- Pause : on fait une pause dans la partie. Souvent car c’est trop intense et/ou on a besoin d’en discuter.
- Vitesse accélérée : on passe le moment en accéléré. Peut permettre de mettre fin plus rapidement à une scène malaisante.
- Rembobiner : si y a eu un soucis lors d’une scène on peut demander à revenir en arrière. On recommence la scène et on peut se sentir libre de changer certains éléments qui ont posé problème en en discutant avec les autres.
- Image par image : on choisit de jouer une scène, action par action. On l’a décortique et à chaque fois on vérifie que tout le monde est OK pour la suite.
- Arrêt sur image : on regarde la scène actuelle en replay , au niveau méta. On vérifie que tout le monde est sur la bonne longueur d’onde.
- Retour au direct : à utiliser après avoir utilisé une autre action. Cela permet de revenir au mode de fonctionnement « normal ».
La technique de Luxon
Du nom du MJ qui a mis en place cette manière de faire. Je l’ai découvert via un article sur Di6dent. Mais en gros il s’agit de discuter en amont et de manière honnête des déclencheurs traumatiques. Puis en cours de parti si on rencontre un déclencheur. Alors donner tout pouvoir au joueur ou à la joueuse sur l’élément déclencheur dans la fiction. Et ne pas hésitez à en discuter si la personne souhaite en parler.
Fleur de consentement
Il s’agit d’une fleur avec de nombreux pétales. Un outil non verbal pour exprimer son consentement au cours de la partie. Le document complet est disponible sur ITCH.IO
On peut mettre sa main au dessus de la fleur et chercher un contact visuel. Puis on va tapoter le pétale qui exprime mieux notre état émotionnel
- Vert / Oui : C’est super cool, continuez !
- Orange : On est à la limite, je ne veux pas que ça aille + loin
- Rouge / Non : Je ne veux pas de ça . Assez équivalent à la carte X
On peut également mettre la main sur toute la fleur pour indiquer qu’il faut faire une pause, qu’on a besoin de communiquer plus.